-
Aujourd'hui, 12 juillet 2022, le numéro un mondial du jouet, le géant danois Lego a annoncé quitter définitivement la Russie (https://www.sudouest.fr/international/europe/ukraine/guerre-en-ukraine-lego-numero-un-mondial-du-jouet-cesse-definitivement-ses-ventes-en-russie-11627214.php) pour cause de désaccord avec la guerre en Ukraine commencée en février dernier (même si elle a plutôt commencé en 2014, comme on le sait).
Suivant l'exemple de beaucoup de grands groupes commerciaux "occidentaux", le groupe a d'abord suspendu puis totalement arrêté toute forme de commerce avec ce pays.
Si certaines régions de Russie avaient commencé à tourner le dos à certains jouets parvenant de l'Ouest depuis plusieurs années déjà (https://www.lepoint.fr/monde/la-guerre-froide-des-jouets-aura-t-elle-lieu-10-04-2015-1920092_24.php), 81 boutiques Lego étaient en activité en Russie.
Pour le moment, il ne semble pas que d'autres acteurs du secteurs aient emboités le pas (même si certains ne cachent pas de quel bord ils penchent (https://www.lsa-conso.fr/mattel-verse-un-million-de-dollars-pour-aider-les-refugies-ukrainiens,406291), mais ça n'est sans doute qu'un début.
votre commentaire -
Aujourd'hui, après des mois de procrastination, petit sujet léger placé sous le signe de l'"archéologie industrielle".
Ayant acquis il y a peu un bel ouvrage sur les Dinky Toys (celui de Dominique Pascal), et devant me rendre à Bobigny pour des raisons professionnelles, j'ai décidé d'aller jeter un coup d'œil à l'emplacement de l'ancienne usine Meccano.
Deux précisions pour commencer: je ne suis absolument pas un collectionneur/spécialiste des Dinky Toys, et je sais parfaitement que l'usine qui a produit ces jouets mythiques de 1934 à 1970/71 a été démolie il y a plus d'un demi-siècle. A vrai dire, toute cette histoire n'est pas vraiment celle de ma génération puisque je suis plutôt un enfant des années 80!
Mais j'ai quand même eu envie d'aller voir, histoire de satisfaire ma curiosité. De mon coin de France, il n'y a en effet malheureusement aucune trace d'usines de jouets, comme cela a pu être le cas dans certaines grandes villes (Paris, Lyon ou Marseille) ou même à la campagne (Oulins). Chez moi: rien...
Première chose à savoir: où se trouvait l'usine en question? La réponse est rapidement trouvée: au 70-88 de l'avenue Henri Barbusse (qui existe toujours). Quelques recherches complémentaires me précisent que c'est à l'angle de la rue Henri Gautier (qui existe toujours aussi, et qui s'appelait rue Valentine à une époque). Je me rencarde rapidement via Google et c'est parti !
Après plusieurs kilomètres de marche, me voici enfin sur les lieux. Comme je le savais déjà (je le répète), il ne reste absolument rien de l'usine Meccano, située toutefois entre deux bâtiments de l'avenue Henri Barbusse qui existent toujours : le bar-restaurant "La Petite Maison" et l'établissement "La Palme". De l'autre côté de l'avenue, il y a évidemment toujours l'immense cimetière parisien de Pantin.
On remarque aussi que la prise au sol n'a pas bougé et que l'emplacement des murs est "cadastralement conservé", même si entre le terrain creusé et le hangar en tôle hideux qui occupe la place, on a du mal à faire fonctionner son imagination.
Le plus étonnant à vrai dire, c'est le quartier qui a changé en quelques décennies: quand on regarde les photos anciennes (celle de M. Henrard a été publiée en 1954, celle qui est ci-dessous date quant à elle de 1959), on remarque que l'usine était presque entourée...de champs. Incroyable, non? Quand on voit à quel point c'est moche (et sale) en 2022, c'est à peine croyable.
Bref, même si ça n'a pas servi à grand chose, je suis plutôt content d'être allé au moins une fois dans ma vie "à la source" de ces très jolis joujoux rétros ! :)
votre commentaire -
Nous l'avions vu rapidement il y a peu (http://cestmonjouet.eklablog.fr/commercialisation-des-jouets-et-temoignage-litteraire-a187443290), il existe un certain nombre de livres qui parlent de jouets.
La plupart retracent une ou plusieurs marques et sont plutôt destinés aux lecteurs qui ont déjà un pied dans le sujet (les collectionneurs notamment) puisqu'ils retracent l'historique des entreprises, des gammes, des catalogues, les évolutions de marketing, des éventuelles cotations, etc.
Si la plupart sont rédigés par des passionnés, il est plus rare de trouver des bouquins qui sont directement rédigés par les créateurs de jouets eux-mêmes. Il existe toutefois au moins une exception à ce principe: le bouquin "Pour en sortir" d'Emile Véron, l'un des plus grands noms du jouet français de part son parcours personnel et professionnel (Norev-Majorette-SIBO).
Ecrit en 1984, alors que la France est (déjà!) en crise économique et que la gauche est au pouvoir depuis quelques années, il se veut le témoignage d'un chef d'entreprise qui a réussi et qui veut faire bouger les lignes, tant en matière économique que sociale.
Pour faire simple, Emile Véron utilise son parcours personnel pour illustrer plus largement ses idées auprès de la plus large audience possible puisqu'il veut se lancer en politique et qu'il envisage même carrément...de se présenter à la présidentielle de 1988 : en décembre 1984, c'est la naissance du mouvement politique "Réussir".
Dans cet ouvrage, au moins un chapitre est consacré plus particulièrement à l'autobiographie de l'auteur, et s'intitule tout simplement "Majorette". On y apprend plein de choses plutôt intéressantes (les racines familiales d'Emile Véron, son parcours pendant la guerre, etc.) et ses débuts dans le jouet, en 1944 :
Puis vient en 1945, la création de Norev avec plusieurs de ses frères :
Les désaccords existants vont alors pousser Emile Véron à partir. Se pose alors la question de choisir ou non de rester dans ce secteur: la réponse sera oui :
Il décide alors de créer sa propre entreprise, Rail-route Jouets (rebaptisée quelques plus tard Majorette), en 1961 :
Il y a au moins deux choses à retenir de ce court passage: Emile Véron ne veut pas concurrencer la société Norev de son frère, qu'il vient de quitter (entreprise qui fait des voitures en plastique notamment) et il veut plutôt s'inspirer directement des petites voitures en métal d'une marque britannique qui cartonne : Matchbox.
Je ne vais pas m'étendre sur la totalité de cette partie de l'ouvrage (que je vous encourage à lire toutefois si le sujet vous intéresse; une partie est d'ailleurs gratuitement accessible sur Google), mais il est clair qu'en 1984 Emile Véron est au sommet de sa carrière: la société Majorette est au plus haut, elle a racheté et redressé d'autres entreprises de jouets en difficulté (Solido racheté en 1981 par exemple) et son inspirateur et concurrent britannique Matchbox a entre-temps sombré en 1982:
On peut tout à fait comprendre qu'au moment où il écrit ces lignes, Emile Véron soit heureux et fier de son parcours, de sa société, de sa réussite. Le ton de son ouvrage ne plait cependant pas à tout le monde, et Serge Defradat dira même dans son livre consacré à Majorette que certains milieux (financiers, industriels) vont assez mal digérer le mélange des genres, cet étalement de réussite et ce ton de "bon père de famille" un peu donneur de leçon. Un article du Monde pointe déjà un peu ce risque à l'époque :
Pourtant, si ses idées globales sont potentiellement intéressantes (participation des salariés aux résultats de l'entreprise, consultations de ces derniers, etc.), son expérience politique tournera rapidement court et il ne se présentera jamais aux élections présidentielles (peut-être notamment en raison d'un retour de la droite au pouvoir en 1986).
Quant à sa belle entreprise, elle sombrera à son tour en 1992, 10 ans après son concurrent Matchbox. Même si le contexte a un peu changé au cours de ces années, c'est notamment le fait d'avoir délocalisé trop tardivement en Asie qui a joué contre l'entreprise française (attention toutefois, il y aussi d'autres raisons, comme l'explosion des jeux vidéos durant les années 80).
Emile Véron connaitra par la suite des ennuis judiciaires (condamnation pour abus de biens sociaux en 1995) mais ne s'arrêtera pas là toutefois puisqu'il créera avec son fils Alexandre l'entreprise SIBO (spécialisée dans l'import-export de jouets) la même année. Il en sera le gérant jusqu'en 2010.
Emile Véron est décédé en 2013 (https://www.lepoint.fr/automobile/le-fondateur-des-petites-voitures-majorette-est-decede-23-11-2013-1761135_646.php). L'entreprise SIBO, quant à elle, sera mise en liquidation judiciaire et disparaitra en 2019.
votre commentaire -
L'info est plutôt passée inaperçue : la Licence professionnelle Métiers du jeu et du jouet (pour faire court, puisqu'elle a eu plusieurs dénominations officielles au fil des années) proposée par le pôle choletais de l'Université d'Angers est supprimée à partir de la rentrée scolaire 2021.
La seule et unique formation universitaire complète et polyvalente sur le sujet dans tout le pays disparaît donc des radars sans tambour ni trompette.
Après contact avec les bureaux choletais, cette formation est donc victime d'une érosion continuelle d'étudiants depuis plusieurs années. Cette situation est sans doute évidemment en rapport avec les diverses crises traversées par ce secteur tant du côté des fabricants français que des distributeurs (nous n'allons pas revenir là-dessus ici), sans compter plus récemment la crise sanitaire qui a classé cette activité comme "non essentielle" (même si les géants de la vente en ligne n'ont pas été impactés quant à eux).
Bref, pour en revenir au sujet, il semblerait que cette formation, qui s'essoufflait ces dernières années (https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/cholet-49300/cholet-l-universite-apprend-aussi-jouer-6157151) ne soit pas définitivement morte et enterrée mais plutôt "suspendue" dans l'attente d'un hypothétique avenir meilleur (ça, c'est le discours officiel).
Espérons qu'elle ne soit pas définitivement abandonnée après 18 années de transmission de savoirs sur ce sujet passionnant.
votre commentaire -
L'utilisation de plastique par les grandes marques de jouets serait-il irrémédiablement en déclin?
Oui et non : ça serait plutôt l'usage intensif de certains plastiques qui serait en train d'être réduit très progressivement. De plus en plus donc, on retrouve des plastiques recyclés, d'origine végétale, etc... voire on a recours à d'autres matières.
Dans le monde des petites voitures à l'échelle 1/64 ou équivalent (3 pouces, ...), depuis au moins une bonne vingtaine d'années les voitures sont mi-métal (ZAMAC, voir http://cestmonjouet.eklablog.fr/le-zamac-a184365326), mi-plastique. Ainsi, le plus souvent le châssis est en plastique et le corps en métal (ou l'inverse), rarement les deux.
Après des séries ZAMAC produites tant chez Hot Wheels que chez Majorette, la firme française (ou plutôt franco-allemande désormais) a lancé une petite série de 6 véhicules tout en métal (tout = carrosserie et châssis, le plastique se limitant au vitrage et à l'intérieur) comme à la belle époque. :)
Cette série est toutefois un peu limitée quant aux véhicules proposés: deux Toyota Celica, deux Ford Mustang, une 2CV et un combi VW T1 (seuls les deux derniers étant vraiment sympa je trouve).
J'espère que Majorette va développer cette gamme à l'avenir puisque ce retour au "Full Métal" est vraiment chouette : pour beaucoup (moi inclus) c'est une retour à une certaine qualité et à une époque où le plastique était globalement "moins présent" dans le monde du jouet.
votre commentaire